La lecture du billet précédent aura, à n'en pas douter, laissé plus d'un perplexe, et je me range en tête de peloton. Le choix du sujet était-il pertinent ? Un recueil de pensées bouleversantes à usage des jeunes générations ne risque-t-il pas de manquer sa cible quand, pour illustrer son sujet, il choisit un chanteur de variété qui, malgré un âge pas si avancé de l'avis de l'auteur, a probablement l'essentiel de sa carrière derrière lui, et on ne l'en remerciera jamais assez.
Le doute est légitime, et j'entends bien le dissiper sans plus tarder car les faux-semblants n'ont pas leur place ici. Oui, il eut été préférable de débuter autrement. Oui, il va falloir déployer force artifices pour faire oublier cette bévue initiale, mais nous saurons trouver les mots, et transformer ce départ chaotique en une agréable balade, en un départ en vacances heureux baigné dans une lumière chaude et des chansons à succès.
Je ne doute pas que nous sachions nouer une relation durable malgré ces débuts hésitants, tout comme j'ai finalement réussi à épouser celle dont la première rencontre aura surtout été marqué par le partage de l'addition. Encore faut-il que nous apprenions à nous connaitre. Vous avez déjà perçu cette tendance chez moi à manier l'humour, avec habileté disons-le, pour rendre la lecture plaisante, et in petto faire de vous mes sujets pour asseoir mon dessein de contrôle absolu du monde, Minus. Mais au delà du style, qui trahit surtout le manque d'éducation littéraire de l'auteur, il peut sembler judicieux de vous narrer par le menu les sujets qui ne manqueront pas d'animer ces colonnes.
Bien que soit établi désormais un manque patent de vision d'ensemble pour ce blog, je pressens que certaines thématiques risquent de revenir régulièrement sur la table, quand d'autres pointeront au contraire aux abonnés absentes, et c'est heureux. Vous ne voulez pas m'entendre parler de géopolitique, par exemple.
Il risque d'y avoir quelques références à la culture pop de toute personne saine d'esprit née dans le début des années 80, c'est à dire droguée aux émissions télé pour compenser l'absence de parents démissionnaires. De ces références naitra nécessairement un décalage avec les us d'aujourd'hui, décalage qui nourrira de saines interrogations sur le bien fondé de certaines des mutations à l'oeuvre.
Je ne manquerai donc pas de donner mon avis sur la technologie, le numérique en particulier, et plus précisément la façon dont la société se transforme avec les différentes ruptures qu'elle amène. Et c'est là précisément, qu'on peut commencer à sentir la filiation avec la pensée de celui qui, mieux que personne, aura su incarner l'incompréhension face à un monde qui change, je veux parler du Sergent Murtaugh.
Tels les auteurs de la Rome antique qui n'hésitent pas à emprunter le nom de leurs illustres prédécesseurs pour gagner en crédibilité et justifier leur propos, je ne tenterai pas ici de faire valoir une quelconque originalité dans mon approche du conflit entre générations. Au contraire, je ne souhaite rien mieux que de chausser les charentaises du sergent, et tenter de faire vivre l'esprit de ce génie tutélaire, auquel nous devons tant. Qui mieux que le Sergent Murtaugh pour incarner le constat d'un monde qui prend la tangente ? Comme lui, nous sommes nombreux à être interloqués à la suite du visionnage d'une pub pour une marque de capotes. Nous réalisons que, subrepticement, le train du changement est en train de quitter la gare quand certains sont restés à quai.
Le choix de cette élégante métaphore ferroviaire ne doit rien au hasard. Je compte trouver un écho auprès des plus jeunes, qui plébiscitent, et c'est heureux, le retour à ce moyen de transport quand nous ne jurions que par l'avion. Je suis encore un peu avec vous. Naître en 1981 me laisse techniquement encore un orteil chez les Millenials. Et je veux croire que cet appendice sera suffisant pour que non seulement vous soyez à l'écoute de ces élucubrations, mais qu'elles ne soient pas immédiatement retoquées par un laconique, mais délicieux, ok, boomer, ou mais oui, papi dans sa version française.
Je suis bien conscient que l'équilibre précaire dans lequel se trouve tout quarantenaire déjà largement dépassés par ses enfants sur nombre de sujets le pousse à rechercher la stabilité d'une époque révolue, où les changements étaient encore accueillis avec confiance. Je sais que cette tendance peut être de nature à teinter sa vision, par ailleurs passablement amoindrie par la presbytie naissante. Je tenterai donc de rester à l'écoute, et pour cela resterai entouré.
Je sais que je peux compter par exemple sur le support de mon épouse, qui, dès la lecture du premier billet, aura saisi toute l'urgence qu'il y a à délivrer mon message, aura compris la portée philosophique de l'œuvre en gestation, et posera d'instinct la seule vraie question qui compte : ça va nous coûter combien ton hébergement, là ?