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Articles

Mon ami Charles

J'ai pensé que vous trouveriez peut-être quelque intérêt à ce que je vous raconte la relation que j'entretiens avec mon ami Charles. Si j'arrive à y insuffler un peu de chaleur, peut-être oublierez-vous qu'il vous est inconnu, voire même aurez-vous envie qu'il le soit moins. Pour des raisons qui deviendront évidentes par la suite, je ne saurais me rappeler avec précision les circonstances de notre première rencontre. S'il faut établir une genèse, j'opterais, sans y risquer pari, sur cette après-midi passée au bord de la piscine, dans notre collocation de l'époque, dont Nicolas, un des membres, était aussi un collègue de Charles. Son métier ne m'était donc pas inconnu : psychiatre. Psychiatre, du Grec psyche et iatros , le médecin de l'âme. Une de ces professions dont le simple énoncé exerce immédiatement une sorte de magnétisme, une force qui vient résonner en quelque endroit reclus de notre subconscient, et vient saborder la liste des sujets pr...

L'Eden lé la

Bienvenue au paradis ! C'est ainsi que nous fumes accueillis il y a quelques années par un parent d'élève lors d'un apéro improvisé. La formule laconique avait de quoi surprendre, tant elle relève à la fois du cliché éculé et de l'appréciation bien sentie. C'est qu'en effet, pour les athées, les impies, les hérétiques ou les simples pêcheurs, pour la cohorte de damnés qui se verront fermés l'accès au paradis une fois trépassés, un séjour sur l'île de La Réunion peut s'avérer un parfait substitut, une reconstitution terrestre de la pureté virginale, un lot de consolation pour perdants, accordé par le créateur dans un accès de mansuétude. L'arrivée par les airs fait office de savoureuse mise en bouche. L'état de torpeur vaporeuse dans lequel nous ont plongé les 10h passées en classe éco - où le manque de place interdit tout endormissement - corrompt les sens, dévoile quelques liens illégitimes entre la vue et le toucher. Le regard se perd au de...

Mange ça, l'IA

On peut, sans trop craindre l'emploi d'une expression galvaudée ou les démentis des futurs manuels d'histoire, affirmer que nous vivons une révolution. L'arrivée de l'IA bla bli, bla bla ... C'est probablement comme ça que ce post aurait démarré si je m'y étais attelé comme prévu il y a 2 semaines. Mais il a fallu que viennent s'immiscer quelques digressions sur les gens qui déménagent ou qui communient dans la passion du 2 roues. C'est que nous avions besoin vous et moi de prendre un peu l'air avant ce qui va suivre. Je préviens dès maintenant, si les petites envolées lyriques et les arabesques de la techno critique vous sied, passez votre chemin. On ne donne pas dans le menuet aujourd'hui, on va plutôt descendre à la cave, dans les contrées froides et monolithiques du Doom. Ca va cogner dur, ça ne va pas faire de politesse, les Sam Altman, Yann Le Cunn et consorts seront rhabillés pour l'hiver. Vous pouvez vous éviter ce mauvais traitem...

L'exégèse du salut Motard

C'est un rituel. Un de ceux qui permettent d'affirmer son appartenance au groupe, et donc, dont il serait malvenu de questionner l'origine ou le sens. De même qu'il est hasardeux de remettre en cause certaines prescriptions religieuses sous le prétexte qu'elles procèdent de conditions d'hygiènes limitées il y a quelques siècles, le salut que se doivent 2 motards qui se croisent ne se discute pas. Il est vecteur de communion. Il est fédérateur. Il est, point. A l'instar de ses ainées, la religion du 2 roues motorisé débute par un message de paix - Tous unis pour profiter des joies du bitume et des insectes sur les dents - puis connaît ses schismes et ses querelles de clochers. Marie soumise au pêché ou Marie pleine de grâce ? Plutôt Italienne racée ou vieille Anglaise ? Quel le sens de tel sourate ? Quel est le sens de telle soupape ? (Ho ho ho) A la différence cependant d'autre cercles religieux qui m'ont énergiquement fermé la porte au nez, au poin...

Migrations

Il est de ces personnes que les racines enchaînent plus qu'elles ne nourrissent. Semi-nomades, ils partagent avec les voyageurs au long cours cette touche d'exotisme qui parfume l'imaginaire collectif, et enivre ou exaspère, c'est selon. Pourtant, ils ne leur sont apparentés qu'à première vue. Eloignés, ils le sont autant des sédentaires qui mourront dans le village qui les a vu naître, que des infatigables aventuriers dont l'ailleurs semble constituer le seul horizon. Ils semblent figés dans un entre deux constant. Pas plus autochtones que simples visiteurs, habitants d'ici et de nulle part, terriens sans terroir. Ce qu'il y a de remarquable chez eux est cette volonté d'investir les lieux, sans jamais les habiter vraiment. La durée du séjour, supérieure à celle de la simple villégiature, doit permettre de créer du lien, de développer quelque racine même, pour pouvoir, plus joyeusement encore, mettre un grand coup de pied dans le bordel lors de la pr...

Rétrofuturisme

Oncle Ben peut se rassurer, la leçon aura bien été apprise, dut-il y laisser la vie : Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités . Nous autres qui avons grandi dans les années 90 disposons d'un bien grand pouvoir : nous sommes en quelque sorte les témoins privilégiés des changements sociétaux à l'oeuvre depuis l'avènement du numérique. Et notre responsabilité, c'est de se faire les relais de cette disposition particulière. Nous étions adolescents à l'arrivée d'internet. Nous avions tout juste eu le temps de nous forger un semblant d'éducation, de développer cet embryon de personnalité, d'intégrer ces menues valeurs qui feraient de nous des adultes accomplis. Mais nous étions encore tout à fait perméables à la nouveauté. Nous nous trouvions donc à ce point de bascule, quand les réseaux sont venus occasionner ce grand chamboulement. Nous étions par nature les plus disposés à les adopter, mais nous avions connu l'avant. Nous disposions d'u...

Meet Roger

La lecture du billet précédent aura, à n'en pas douter, laissé plus d'un perplexe, et je me range en tête de peloton. Le choix du sujet était-il pertinent ? Un recueil de pensées bouleversantes  à usage des jeunes générations ne risque-t-il pas de manquer sa cible quand, pour illustrer son sujet, il choisit un chanteur de variété qui, malgré un âge pas si avancé de l'avis de l'auteur, a probablement l'essentiel de sa carrière derrière lui, et on ne l'en remerciera jamais assez. Le doute est légitime, et j'entends bien le dissiper sans plus tarder car les faux-semblants n'ont pas leur place ici. Oui, il eut été préférable de débuter autrement. Oui, il va falloir déployer force artifices pour faire oublier cette bévue initiale, mais nous saurons trouver les mots, et transformer ce départ chaotique en une agréable balade, en un départ en vacances heureux baigné dans une lumière chaude et des chansons à succès. Je ne doute pas que nous sachions nouer une rel...